Yves Alphé, fondateur et gérant de sa propre société de pompes funèbres à Orléans (Caritas Obsèques) nous fait part de quelques conseils si vous souhaitez à votre tour lancer votre activité professionnelle dans le domaine des pompes funèbres.
Connaître le marché des pompes funèbres
La triste réalité est là : la mort ne connaît pas de répit. En conséquence, le marché des pompes funèbres évolue, surtout depuis ces vingt dernières années. En cause : les décès des « baby-boomers » nés au cours ou juste après la seconde guerre mondiale. On estime en effet que la plupart des personnes de cette génération sont nés vers 1942, ce qui leur donne 76 ans en 2018. Par ailleurs, le secteur des pompes funèbres se veut innovant en matière de personnalisation d’obsèques, mais également de « funérailles écologiques », la protection de l’environnement prenant de plus en plus d’ampleur ces dernières décennies. La mort pouvant frapper n’importe où, n’importe quand et n’importe qui, le secteur des pompes funèbres se veut porteur (+25% d’évolution du marché d’après des prévisions) et attrayant pour les entrepreneurs.
En quelques chiffres rappelés par Yves Alphé, ce sont plus de 25 000 individus qui travaillaient en 2017 dans le monde des pompes funèbres en France, et ce à travers 3500 entreprises et 7500 établissement (comme les crématoriums, les cimetières…).
Par ailleurs, le monde des pompes funèbres compte de nombreuses professions telles que conseiller funéraire ou encore thanatopracteur, chauffeur-porteur, maître de cérémonies…
Cependant, la plupart (95%) des sociétés de pompes funèbres sont des petites structures car elles comptent au maximum 5 salariés.
Formations nécessaires pour travailler dans les pompes funèbres
Le secteur des pompes funèbres ayant grandement évolué depuis une vingtaine d’années, les formations aux métiers du funéraires ont évolué en parallèle. On a ainsi assisté à l’apparition de formations et écoles spécialisées dans le secteur du funéraire. C’est ainsi que depuis 2013, un diplôme spécialisé délivré suite à la réussite d’un examen spécifique est requis pour exercer dans le monde des pompes funèbres.
Qui plus est, si vous souhaitez fonder et/ou gérer une société de pompes funèbres, il est indispensable d’avoir des connaissances en gestion, finances ou encore ressources humaines, rappelle Yves Alphé. Il faut alors compter 42h de formation théorique supplémentaire par rapport au diplôme de conseiller funéraire par exemple.
Anticiper les évolutions, rappelle Yves Alphé
Comme vu précédemment, le marché des pompes funèbres est en pleine évolution. Par exemple, le numérique prend de plus en plus d’ampleur avec notamment l’émergence de sites commémoratifs, de services gérant les réseaux sociaux une fois la personne décédée, des avis de décès en ligne…autant d’évolutions auxquelles il faut savoir s’adapter avant de lancer son propre business. Autre tendance majeure évoquée plus haut : l’écologie. De plus en plus de sociétés de pompes funèbres proposent des prestations écologiques pour les funérailles. Cercueil en carton au lieu du bois, aquamation (pour l’instant au Canada mais qui devrait se démocratiser jusqu’en France), enterrement naturel sans soins de conservation, chimiques pour les nappes phréatiques après inhumation sont des pratiques qui ont le vent en poupe à l’ère où la protection de l’environnement devient de plus en plus alarmante.
Enfin, certains proches endeuillés n’hésitent pas à demander des obsèques dites « atypiques » avec des cercueils personnalisés (colorés, à motifs…) pour représenter la personnalité et rendre le meilleur hommage possible au défunt.
Ainsi, avant de lancer sa propre société de pompes funèbres, il convient de pouvoir être flexible, anticiper les demandes des proches endeuillés, connaître les différents rites et savoir s’attendre à des demandes parfois plus que surprenantes! Créativité et flexibilité sont donc de mise dans le secteur des pompes funèbres, tout en gardant la sobriété et le respect pour la personne décédée.
Une bonne connaissance des spécificités funéraires
Le monde du funéraire ne se contente pas d’enterrer ou incinérer les défunts. De nombreuses démarches administratives sont à effectuer suite à un décès (clôture des comptes bancaires, vérification des assurances et s’il y a, un testament ou un contrat de prévoyance renseignant les dernières volontés). Par ailleurs, l’organisation des obsèques avec les proches en deuil comprend de nombreuses prestations : lieu de la cérémonie, religion ou non, choix de la musique et des fleurs, choix du cercueil, convives…
Lorsqu’il s’agit d’un décès violent et totalement inattendu par exemple, il faut savoir faire face et conseiller les familles traumatisées par la perte d’un être cher. Il faut par conséquent savoir faire preuve de nombreuses qualités comme le sens de l’écoute et l’empathie tout en maîtrisant ses émotions : le conseiller funéraire ou gérant de la société de pompes funèbres n’est pas là pour pleurer avec les proches en deuil mais pour les orienter vers les meilleures prestations d’obsèques possibles.
De plus, lorsque l’on souhaite se lancer dans les pompes funèbres, il est désormais vivement conseillé de nouer des partenariats avec des assurances. En effet, les assureurs sont de plus en plus nombreux à proposer des contrats de prévoyance-décès et peuvent devenir des concurrents pour les prestations de prévoyance de pompes funèbres, précise Yves Alphé.
Enfin, comme pour tout secteur, il convient de se tenir au courant de l’actualité du métier et ses évolutions : notons par exemple la forte hausse du nombre de crémations qui devrait dépasser celui des inhumations d’ici quelques années (2030). Une tendance à ne pas négliger car la crémation s’avère moins rentable pour les sociétés de pompes funèbres que les inhumations, ne serait-ce que par le nombre d’accessoires qui s’en voit réduit et souvent l’absence d’une concession funéraire, remplacée par la dispersion des cendres.
Bien connaître le cœur de métier
Si vous souhaitez lancer votre propre entreprise de pompes funèbres comme l’a fait Yves Alphé, sachez qu’il vous faudra une équipe solide sur laquelle compter. Il est donc vivement conseillé de se renseigner sur les différents métiers indispensables à tout agence de pompes funèbres et de commencer au plus vite à chercher des profils pour ces différents métiers. Soyez également bien informé : il est par exemple plus difficile en région PACA de trouver des thanatopracteurs et la concurrence y est rude.
Prévoir les fonds nécessaires
Afin de se lancer dans les pompes funèbres, il est crucial de disposer de fonds propres afin d’acquérir les essentiels de l’activité : locaux d’accueil, véhicules de transport et leur entreposage, locaux et équipements conformes pour les soins de conservation dispensés par les thanatopracteurs, salaires de l’équipe, équipement funéraire comme les cercueils, les stèles, fleurs…On estime ainsi qu’une petite structure de 4 à 5 personnes doit, pour être rentable, traiter entre 10 et 15 décès mensuels.